Le défilé de mode écolo, bio.
J’étais venue prendre quelques photos de ce magnifique lieu.
Le vieux lavoir, le cloître, les escaliers et l’hôtel particulier en haut attiraient beaucoup de gens.
C’était une rencontre bio, super propre, hyper sain de corps
et d’esprit, sans gazoline, sans voiture et ni-covoiturages, avec de l’eau en
bouteille plastique sur des nappes blanches en silicones vallées. Non, rien à
voir avec une soirée suspensoir.
L'idée est de ne plus
manger de viande, ni de produits dérivés,
pas de pesticides, pas d’emballage cadeau ou de sac, de la nourriture, celle
qui pousse et qui se plante, celle qui est vraie.
A vos souhaits.
Les vrais écolos, les
bio, les « je ne mange pas de viande, ça craint de manger un œuf qui sort d’un trou,
de boire du lait de vache d’usine, rien que ça. Du bio, c’est vert, c’est le
peuple de l’herbe, des légumes, des plantes. Qui tout ça respire notre air. P…..
quel boulot. Bel arbre, d’ailleurs.
Tu t’imagines faire ta vaisselle avec des pétales de roses,
aller cultiver ton jardin en vélo, habiter dans une maison sans aspirateur
parce que t’as pas l’électricité, remplir tes sceaux d’eau à la source ou au
puit, manger des radis sans beurre, faire ton pain, pas d’internet
évidemment ! Et couper du bois pour tes longues soirées d’hiver.
Je surpris la grande dame de droite, juste devant moi, qui
se cachait derrière son éventail pour parler ; je suis sûr qu’il venait d’Indonésie, genre, par-là,
vers Bambou (oui, en Côte d’Ivoire il y a Babou). Sa voisine, une pince sans
rire, tendait son menton droit devant elle sans ciller une ride. Moi, mes
carences, elles porteraient surtout sur l'argent... dit-elle.
Je pensais d’un seul
coup : Le boudin noir, pousse-t-il sur un arbre qui s'appellerait le boudiner
?
Une odeur de parfum s’engouffrait sans cesse dans nos
narines. Une odeur, une horreur. Ils ne se lavent pas, alors ils se parfument
tant et trop ?
Il y avait un grand buffet, art plastique en tout genre. Ils
auraient pu mettre des plats en terre, quelle faute de goût.
De l’ananas au tapioca, du basilic à la banane plantin. Je
regardais cette femme et son compagnon qui se collaient vers la table...
Elle a fait un
caprice : un truc de dingue. Un coup elle voulait ça ; son ami lui a demandé si
elle voulait bien cela, elle a dit : oui.
Il traverse la salle à pas décidé et furtif, une assiette à
la main, Il lui offre : elle n’en
voulait pas. Ou plus.
Il lui retire son
joujou, son doudou, son bout de chocolat, son dada, elle voulait celui d’avant.
Moi, j’aurais été lui… enfin, faut jamais donner de conseil dans ce cas-là.
Les rayons du soleil venaient directement frapper le lustre
de cristal.
Elle avait ses joues rouges, son front plissait, elle ne
pleurait pas, mais on aurait dit.
Il l’a regardait, ne sachant plus quoi faire.
Il ne disait rien.
Elle renifla légèrement : je veux que tu restes dit –elle.
Mais apporte –moi quelque chose de frais.
Quand c’est bio, c’est frais non ? Pas de chambre
froide, du jardin ça va directement à l’assiette.
Là, si j’avais été lui, je serais bien partie.
Il n’y avait plus
personne ; même les domestiques se planquaient. Rien n’était visible.
On aurait dit que le bio était devenu si allégé, si léger,
qu’il avait retiré toute la lumière des êtres vivants. Une tête d’ampoule, mais
naturelle voyez-vous ?
Surnaturelle même.
Les bio, logiques, oui.
Commentaires
Enregistrer un commentaire