Paris.



"Ouai, c'est moi. Je crois que je ne sais pas en fait… Je me suis perdue.
 (J'ai prit le rond-point, j'ai ouvert la vitre automatique, j'ai craché; je fais toujours ca. Un bien épais. Pas pu regarder la couleur).
Je suis allée au bord de la Seine, j'ai marché les sandales à la main, la jupe soulevée. J'ai vu le levé du soleil, les pigeons, plein de truc.
(M'en foutais pas mal).
 Ici, c’est dégouttant, y à pleins de truc dedans et elle ne peut pas cracher vert, jaune ou bleue… Tu sais, j'aime bien notre rencontre, la première, la deuxième aussi… à chaque fois je me sens bien. Je te connais pas, presque pas, enfin je dis ça en même temps je suis encore bourrée d'hier, la vodka oui... Oui... J'aime que les alcools blancs. Et puis, je ne sais pas, on a des points communs tout les deux, je me sens trop seule, donc voilà : je te rappellerais."
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Une pieuvre voulait décrocher une étoile. De la mer. La pieuvre avait mon visage, mais après quelques dialogues, c'était toi. J'ai eu peur je crois. Enfin, ca m'a réveillé. J'ai entendu la voisine qui faisait son ménage ; c'est dingue comment elle ferme et ouvre ses placards. Elle ne retient pas les portes. Je regarde le réveil. Ha ouai, 3h... Bon, je me lève, je me bouscule et je ne me réveille pas : comme d'habitude.
Mes yeux s'arrêtent sur un N° noté sur un post-It. Je le mets ailleurs, non-non, pas bien là, trop en vue. Je le mets, tiens, là : dans mon Zap book. Et donc voilà, ca va mieux. Je le vois plus.
J'ai rêvé de lui.
De toi. Je t'appelle? 3H2O du matin, ca se fait pas. Enfin, pas si on ne connait pas trop bien. Il va croire que suis saoule de la dernière fois, ou, pire : encore une fois. C'est chiant les formalités. On passe un temps de dingue avec ses trucs, même dans l'administration. Ha, c'est les pires! Non, je leurs en veux pas du temps qu'ils me font perdre, c'est juste le temps qu'ils prennent à te répondre. Mais lui, à 4HOO du matin, il ne va jamais répondre. Je m'habille, je mets n'importe quoi, m'en fou. J'ai le cœur qui bouscule, une énergie de fou qui me circule. Je descends, je prends le vélo, je roule. Paris la nuit en vélo, c'est cool, tu vas trop vite. Si.
J'arrive. Je range le vélo. Je monte 5 étages, je frappe. Je vois une de ses copines, je sais plus son prénom : je lui dis : Ha salut! ca va? Elle est pas là Mumu? Faut que je lui parle...
Elle me regarde, la bouche ouverte, le noir qui déborde des yeux, les cheveux... Ho hoo, elle a pas dormie ou quoi elle? Elle me dit : Mumu… ? Elle dort. Entre. Je vais voir.
Je rentre.
Je louche le téléphone, il est vert boiserie, d'un coup j'aime bien cette couleur.
Mumu arrive. "Lili? Qu’est-ce t'as? T’as vu l'heure, j'espère que c'est grave...
Moi : Je peux téléphoner?
"Non.
"Stp Mumu, je sais qu'il est tard, enfin tôt, je te prépare un café, je vais acheter des croissants, promis... Faut que j'appelle un type, je craque, si je fais pas, je vais regretter un jour. (Je cherche le N°, le post-It, le Zap book)
Mumu : " Non te dis, j'ai plus de tel, c’est coupé, j'ai oublié de poster le chèque... Sorry baby, ton amour attendra. (Elle retourne dans sa chambre) t'es grave : bye!
Paris, le matin en vélo, c'est cool, quant t'as bien chaud, à l'intérieur, comme à l'extérieur.
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Une nana. Une fille super, super sympa, nature, sans tralala. Une fille bien. Une blonde, si, une vraie!
Nana.
On dit comme ça, car elle a fait une pub, pour "Nana". Ca était un tremplin. Et puis, un surnom de serviette hygiénique c’est pas important quant on a une personnalité comme la sienne.
 Elle m'a traînée partout, elle connaissait bidule, machin, qui connaissait tous Nana, et truc bidule machin chose.
J'étais timide, pas trop souriante, un peu maigrichonne, pas trop conne encore et j’avais faim.
 Une fille qui dormait par terre et qui défilait en Dior le Samedi à New-York, qui revenait deux heures, refaisait une valise pour partir à Tokyo. Je ne sais pas comment elle tenait debout, et en même temps de son côté, elle était épatée de me voir tenir debout aussi.
Elle passait son temps devant Charlie Chaplin quant elle ne travaillait pas. Elle avait un long tee-shirt, comme une robe, mais c'était un tee-shirt. Il était usé, déchiré, elle disait "c'est mon doudou", j'aime que ca sur ma peau, le reste ca me gratte, c'est pour ca que je ressemble à rien, que je suis un porte-manteau... Je sers les fesses, ca se voit pas : j'en ai pas. On rigolait. Je rentrais jamais dans ses fringues quant elle voulait me prêter "absolument un truc de dingue" qui était fait pour moi. Il me manquait juste 7cm, alors elle me faisait acheter des godasses impossibles pour me grandir. On rigolait. On mangeait des palmiers de la boulangerie d'en face, des énormes à 1,50francs. Tout chaud, tout frais. Elle disait à la première bouchée : Wouaw, ca va tout sur les fesses, je vais avoir du cul.
 Nathalie. Tu disais qu'il y avait une étoile, une pour chaque personne, que la tienne était bleue avec des rayons jaunes. Que j'étais un ange. Que tout irait bien : bein oui, ca va Nana. Merci pour tout encore.
Le 18éme, c'est remplit de riz, ca sent l'huile, la friture. Il y avait des nouilles extra et sans porter à confusion : la serveuse était au top ; Fleur, un bien joli prénom pour une asiatique. J'enviais son sourire, à par ses lèvres qui s'étiraient, rien d'autre ne bougeait sur son visage jamais maquillée. Une peau de délice. Pas de rides, jamais de cernes, magique.
Le matin, vers 6H, ils étaient tous devant de grand panneaux blindés de petits mots écrits en Chinois ou Japonais, ca discutait bien devant, ca regardait franchement ; et hop, au bout d'un moment : tout le monde partait. L'ANPE? Je n'ai jamais su. Ca m'inquiétait pas, je trouvais ca extra, je prenais un p'tit café, je regardais tout.
Une sorte de théâtre pas Nô, plutôt Made in Paris.
Je rentrais chez elle, j'avais mal au pied, au dos. Je dormais peu. Paris, le jour : on ne peut pas trop bien se reposer.
Il fait trop sombre, pas assez noir, ce n’est pas clair.
Tiens : Claire, je ne la vois plus du tout, plus de nouvelles…
 Claire, s’est B.B. Comme Brigitte Bardo. Elle adore les animaux. Elle a un chiwawa, c’est le plus petit chien du monde. Il a toujours froid, il se colle à ses grandes jambes au moindre bruit, au moindre mouvement de n’importe qui, de n’importe quoi, n’importe quand.
Elle a refait sa vie ici. Je n’ai jamais su d’où elle venait.
Mais Claire, c’est sa voix. Elle ne chante pas, elle ne peut pas. Elle mime. Sa voix s’est comme un 33Tours, qui va au 75 ou 45Tours ; une autre vitesse, un autre son, une musicalité difficile, elle ne parle presque pas. J’aime bien ses silences. On fait souvent le marché ensemble, elle adore fouiner.
Un jour, elle m’a dit qu’elle s’appelait Bruno.
 Elle sait tout faire : les costumes, leurs perruques avec  les bigoudis,  cracher du feu, les chorégraphies, les chansons, les coups de balais à la fin des spectacles, barmaid, serveuse, quoique la dernière fois j’ai demandé une menthe à l’eau, j’attends toujours… menthe _ à _l’eau, non c’est difficile à retenir, ca fait 3mots… Elle aime l’alcool. Trop.
Moi, mon premier rôle dans ce spectacle, c’était de nettoyer la piste : j’avais un grand balai, un beau costume avec des jambes musclées, fines avec ses maudits talons. Le magicien sortait des foulards d’un tuyau, d’un cube, d’un rond… Autrement dit : qu’est-ce que tu fous ? L’art.    
 Oui d’ailleurs quant on connait le truc, le tour, c’est nul ! On est très déçu.
 Le clou du spectacle :  il transformait tous les foulards  en confettis ! 
Je ramassais tous les confettis en 40seconde exactement pour le numéro suivant. Oui, à l’audition ils m’avaient dit, vous n’avez aucuns talents mais vous avez de belles proportions, passez aux loges, on a un costume fait pour vous, vous serez payez à la chaise.
J’ai prit la chaise.
Un artiste ne vit pas pour vivre, il vit pour son art, c’est là le problème de sa vie.

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