Chez lui.

C'est grand. Ce qui fait, que quant je suis dans la cuisine à chercher un plat qui convient : je dois monter sur la chaise pour le saisir. Mes yeux tombent souvent sur une photo de mariage encadrée dans le couloir ; c'est comme si ce cadre était puni. Il est là, dans la pénombre légère, il attend qu'on allume la lumière. Une fois, je l'ai décroché, il y avait ceci d'écrit :
 "Isabelle, putain quant j’te vois , j’ai les abeilles, j’te jure : t’es belle, tu m’énerve, suis toujours en veille
Ça picote partout, j’ai envie de miel, de tes cheveux, une tartine avec du beurre, j’te jure j’en chialerais de bonheur. J’veux ton cœur, j’ai les couilles qu’en peuvent plus.
Isabelle, putain qu’t’es belle, j’te roulerais des pelles et des tracteurs si tu voulais un peu, manger ta chatte, à genoux, comme un fou, j’m’en fou, suis fou.
Isabelle, sabelle, Isabelle … j’peux pas l’cacher.
Faisons nous des vacances, allons voir tes caprices au soleil, vivons à St Supplice
Pour que j’t’émerveille, si tu veux, de suite, oui vite, j’ai mal à l’orbite, le doute t’habite ? le doute, ma bite.
Tirons-nous mon hirondelle, viens voir mon nid, l’essaim, hooo oui tes seins aussi, j’ai les abeilles, Isabelle, putain quant j’te vois, je bande, j’ai la gaule, c’est comme le barreau d’une prison,  t’es dur, non c’est ça, enfin c’est là, tu vois ?
Tu comprends que j’peux plus attendre, j’ai faim, j’ai mal, t’es pas un casse-dalle non, c’est que ma mécanique elle en peut plus, suis pas un bon mécano,… Heu non-non suis pas crevé et tu s’ras jamais une roue de secours, au secours, aide-moi, aimes-moi ou m’aimes pas… non pas ça ! rhaaalala, Isa… J’ai des abeilles que pour toi.
J-P S."

 Rue du Savon. Avant j'étais à rue du Château. Après j'irais rue de Paris. Et puis plus tard : rue des Farines. Drôle de nom pour une adresse postale. Je refais l'appartement, oui : j'aime bien.
 Je préfère la peinture au ponçage, non, on s'en met dans les narines : c'est fou. Dehors, sur la terrasse, on a poser presque tous les meubles. C'est camping quatre étoiles ici ; la rue du savon a besoin d'un bon coup de dépoussiérage mais bon : on est content quant les murs sont bien blancs. C'est une belle lumière. Il y a une cheminée, il me tarde le feu dans l'âtre. Ces petites étincelles me font toujours mal aux yeux, mais c'est bien mieux qu'une émission de télé. Enfin, d'ici là... D'ici là, il a trouver une autre. 
Là, il a quitté cet appartement pour aller à l'autre bout de la terre. Et ici, c'est déjà ailleurs pour moi. Il aime l'art. Ce qui fait que je m'ennuies pas avec lui.



 On discute. 
Là, j'écris depuis ; plus envie de parler après lui. Il a cette façon décontractée de se tenir, de parler, relax. C'est que je n'en ai pas l'air, je suis une perpétuelle anxieuse. Je ne dis rien, je souries, mais l'angoisse me ronge. C'est ma nature. Il le sens toujours. Lui, c'est son mal de tête ; il aime alors poser un bandana autour, ca lui fait du bien. La dernière fois, il mangeait des raviolis, froids, je regardais le couvercle de la boîte ouverte et la fourchette plantée. Je lui tend son bandana. Il me regarde et me dit : ha merci! comment tu sais que j'ai mal à la tête? Je lui ai répondu : je l'ai senti, je ne sais pas, envie de t'aider aussi. C'est ca en fait, dès que tu commence à comprendre quelqu'un, tu te rends compte que t'es plus dans l'état d'esprit du bonheur. Embêtant ca hein? Deux semaines après, on s'est séparé pour ne plus jamais se revoir. J'ai gardé son bandana durant quelques temps du fait. Je l'ai perdu aussi, je ne sais plus où. J'ai aimé son odeur un temps, il y avait de la violette et du jasmin. Il aimait bien parfumer son appartement.

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