Dans la caravane.
Elle avait des robes sombres, à fleurs. Dans sa chevelure
rousse une barrette dorée mal attachée. Elle fumait beaucoup, des
cigarettes anglaises, brunes, au filtre
coloré, rose, jaune, bleu clair, vert amande. A chaque infime mouvement des
pieds, des poignets, une musique l’accompagnait. On l’appelle Isabelle, mais ce
n’est pas son prénom. Elle est Russe. Deux beaux yeux en amande verts, tacheté
de jaune.
Un regard difficile à fixer profondément ; on s’y perd. On peut
y voir la mer et marcher dans la montagne vertigineuse.
Ca sentait l’encens, un bol d’eau était posé sur une
tablette en entrant ; elle m’a dit que c’était de l’eau bénite.
Elle m’a dit que j’avais des dons et qu’il était dommage de
ne pas savoir s’en servir ; que ma force venait de mon travail et qu’il
était trop tard pour revenir. Je n’ai pas compris.
Note ! Oui, marque tout, car moi : je ne sais pas écrire. Tu ne payeras
rien : donnes-moi ce que tu veux, j’avais 5francs suisse.
Elle m’a demandé des chiffres, des couleurs, des souhaits.
J’ai répondu.
Elle m’a dit ceci.
« Tu dois être forte vraiment, mais à l’avenir, il
faudra l’être encore plus. Tu n’es pas heureuse, pourtant tu pourrais :
ici, (elle claque du doigt) ces 3 cartes me disent que quelqu’un te viendra
toujours en aide, mais seul un homme sera a la hauteur de la situation. Il y a
des déserts à traverser, tu auras faim et soif, ce sera long.
Mélange ce tas de cartes, main droite ! C’est la
main qui fait.»
« Je travaille toujours les deux côtés lui dis-je…
« La gauche, c’est la main du cœur, qui va vers le
cœur ; il y a quelqu’un pour toi, un seul, tu ne le sais pas encore, tu ne
le connais pas. Il faudra attendre, tu n’es pas pressée ?
-non, ca va.
-Bien !! »
Après, je me suis perdue dans un tapis de velours Indien qui
était encadré au mur, l’espace était étroit. Pas de meubles, pas de bibelots.
Méfie –toi des femmes. (Ha bein tiens, j’ai toujours cru l’inverse)
Il n’y a pas de problèmes dans ta vie, je vois que les
astres sont avec toi ; Ils t’accompagnent. (Cool, c’est qui eux ?)
Il y a un homme que tu n’aurais jamais dû rencontrer. Mais
il y en a un deuxième. Il est brun. (C’est vague) il est timide (ha ?!)
Il y a une femme à côté de lui, elle est en noir. Elle est
mauvaise.
-Pour qui ?
-pour lui.
-C’est qui lui ?
-Tu ne le connais pas. Il va venir. Es-tu blonde
vraiment ?
-non, brune : pourquoi?
-il est pour toi, tu es pour lui. Tu vas faire un
déplacement avec lui, il va te demander… c’est possible ? Il va faire
beaucoup d’effort pour vous, tu seras comme une reine. Mais il va falloir
éviter qu’il pense que vous êtes incapable de construire votre vie sans lui,
es-tu d’accord ?
-Heu… c’est difficile ca quant on aime je trouve… Il est
bien ?
-Il est charmant.
-Non, je veux dire : il est solide, stable ?
-tu devras attendre.
-sinon, pour mon travail ?
-c’est lui.
-Ha… C’est embêtant ca.
-Pas si tu n’es pas pressée.
- je ne suis pas pressée non, mais si ca prend 20ans,
bon : c’est long quant même.
-tu vas faire pleins de choses, tu vas apprendre, tu vas
voyager, tu vas avoir une vie remplie, bien remplie … ici, on me dit : que
la distance n’es pas un problème. »
Je suis sortie, il pleuvait.
J’ai marché longtemps. Je suis rentrée à l’hôtel, prit un
bain. Le sommeil a été doux.
Le lendemain, ma camarade de scène avec qui je partageais la
chambre me demande : alors ? Qu’est-ce qu’elle t’a dit ?
-Rien, enfin : pas grand-chose : j’ai rien compris …
Elle a vu une étoile dans
sa boule de cristal.
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