Le monde des animaux.


Elle est jolie, pas conne du tout, d'une générosité extra, douce, créative ; enfin, elle est chouette, rigolote. Pas de chance sans doute? Elle ne l'a pas rencontrer : la bonne personne au bon moment. Ou elle n'a pas pu. Elle est tombée, s'est relevée, s'est ramassée, a donné, a tout perdu.
Elle s'est perdue.
Elle disait : "L'amour que j'ai dans mon coeur, c'est comme un saut en parachute : t'es heureux quant j'atterris, quant tu poses les pieds à terre. C'est ca que je voulais réussir avec lui, même si il y a du vent... m'en tape du courant d'air, des kilomètres, de la destination."

Cette femme n'a jamais fait comme tout le monde ; elle a commencé à travailler à 15ans, à 27 elle ne voulait pas d'enfant, à 32ans elle a passé son permis de conduire, à 38 elle a eu son bac, à 40ans elle a fait un enfant. Seule. Toujours.
Elle a fait ce qu'elle a pu.
Je ne sais pas comment tu as fait pour la séduire, il est en pierre son coeur. C'est venu progressivement? Tu as du employer les bons mots au bons moments. C'est étonnant quant on ne connaît pas une personne _ on ne connaît jamais quelqu'un assez_ quant on ne l'a jamais vu, ou rencontrer : on s'attache encore plus. La distance et le mystère : ca rapproche?
Dans ce genre d'histoire, les relations c'est toujours difficile. Ca épuise.
Tu devrais le savoir.

Cette fille, elle est pour personne :ca fait trop longtemps qu'elle est seule, qu'on la laisse.

Elle a dit : "ca aurait pu fonctionner entre-nous. Non : c'est moi! Et puis lui, il croit que c'est lui. Enfin, je sais pas... C'est la faute à personne. C'est nous.
Il est où? je sais pas où il se planque. Au boulot? Moi j'arrive pas à travailler. De toute façon, un artiste, ca ne travaille pas :  y à que quant tu vends ton art que tu travailles, sinon : tu glandes! Je glandes dur depuis un bon moment. Je suis dans un trou à rat.
Je fais tout pas bien. J'ai jamais été dans le bon sens."

Elle était belle même quant elle peignait pas ses cheveux, quant elle avait mal aux racines, quant l'élastique glissait, quant elle trimballait ses valises sous les yeux. Elle a jamais triché.
Elle disait : "C'est pas un homme de lettre, c'est clair, c'est un mec de terrain, il a du réveiller mon côté guerrière... C'était une mission impossible, je tenais une allumette pour qu'on puisse l'allumer, pour nous éclairer ou nous réchauffer; il portait un famas, forcément : c'était trop lourd. J'aurais jamais du accepter son coeur par invitation... il a l'air doux... j'aimerais bien poser ma tête sur son tatoo."
Tu as su gagner sa confiance. Elle a était profondément humaine avec toi.
La voilà qui portait tout.

Elle posait des dossiers sur divers bureaux = échec.
Elle poussait des portes de bureau = pas de connexion.
Elle passait des coups de fils = abonnés absents.
Elle pressait un article = sans commentaires.
Elle repassait son c-v = on perd son dossier.
Elle repoussait les autres car pas de sensations.
Elle repassait pas ses fringues car elle perdait de l'énergie ailleurs.
Elle se pressait une orange mais y à pas de vitamines si tu mets pas la pulpe!
Elle s'empressait de te t'écrire, mais tu ne lis même pas.
Elle compressait son coeur.
Elle entassait ses rancoeurs.
Elle ne passerait pas la vitesse supérieure.
Elle fait une pause éternelle, point de suspension.


Il aurait fallu que tu sois fort pour l'aimer, car si tu l'avait regardé vraiment, tu aurais vu combien tu lui manques, parce qu'elle a juste besoin de ça : de toi. Ton fric, ta femme, le foot, tes tifs, la teuf, tes fringues, tes fautes d'orthographes, ta teube, ta tire, ta tirelire, elle s'en tapait vraiment ; elle voulait savoir si tu vas bien, parce qu'elle était dans un gouffre. Elle avait besoin de savoir si tu t'en branle réellement de son état pour tourner une page, même si elle l'avait déjà noircie. Elle voulait avant tout enrouler ses bras, te serrer le bassin aussi ou juste boire un café avec toi, quitte à ne plus te revoir de la vie. Elle avait besoin de savoir, essayer. Histoire pour bien repartir, continuer, arrêter... s'arrêter? Elle avait pas besoin d'être rassurer, juste besoin de vérité, de réalité, de concrétiser. Au moins essayer.



T'as l'air costaud pourtant, solide. Ca ne veut pas dire que tu sois pas sensible. Elle t'a fait peur?
Faut pas avoir les chevilles qui gonflent, ni trop se regarder le nombril dans ce genre d'histoire d'amour virtuelle, faut juste être entier. C'est si facile de couper le contact, faut juste faire un clic. Bloquer, supprimer, marquer comme non lu?
T'as pas mis d'essence dans le moteur, ca roule pas, pourtant elle payait l'assurance. Elle s'en foutait l'état de sa bagnole, quitte à rentrer dans un mur. Elle n'a plus rien à perdre si elle t'a perdu. Elle gardera ta photo. T'avais quel âge dessus : 37? 38? 39! c'est sa pointure.
L'amour, c'est pas que du sexe, du love, des câlins, des bisous, des bons ou des mauvais moments, ou des jours et des nuits passées ensembles ou séparés, c'est aussi sentir que l'autre ne va pas te laisser seul, sans attentions, comme un animal, un coyote, un loup.
Elle tourne en rond, ca lui fait mal aux pieds.
Ca a fait comme une fracture, tu lui as casser les pieds. Alors elle a pleuré quant, seule, elle a compris l'évidence. Elle a craqué parce-qu'elle a perdu ton amour, parce- qu'il n'y a plus d'essence, plus de batterie. C'est comme un tank qui a perdu son bazooka : ca avance, pas vite ; ca vise : rien, pas de cible.  Dire qu'il y a un mec à l'intérieur dans ce minuscule espace qui le conduit.

La douleur de son corps ne dépassera pas celle de son esprit. C'est con de se flinguer la vie pour quelqu'un que tu connais pas, en même temps ca fait parti tellement de ton boulot... je sais pas si tu peux te mettre à sa place? C'est sans doute ca qui vous a unit virtuellement : votre combat... elle se bat pour survivre, tu te bats pour laisser survivre.

Elle a fait ce qu'elle a pu.

Qu'est-ce qu'il faudrait faire?

On ne saura jamais.

Toi, tu devrais le savoir.

Commentaires

Articles les plus consultés