Chez Fleur.

à Julien Nicolas, Rémi, Rémy Dac, son papa, Ray Clar.
Pour elle.

Je n'ai plus confiance.
Les belles personnes sont belles par rapport aux valeurs que nous avons. C'est pour ça qu'il est rare de trouver de belles personnes.
Regarde bien ce qu’elle a dans son ventre. C’est un fruit qu’elle avait mangé sans le vouloir, par hasard. Cette femme.
Il faudrait que tu puisses te rendre compte de ce qu’elle a vécu, ce qu’elle a entendu, ce qu’elle a comprit, ce qu’elle a ressenti avec ce poids et son plasma autour. Une si petite chose. Un enfant.
 Il y a des choses qu’il faut faire, d’autres pas. Cela s’appelle un savoir-vivre. Et la vie est courte, le savoir : c’est un peu plus long si l’on se regarde le nombril sans cesse.
L’orgueil est là, la jalousie s’entremêle. Depuis le début.
Elle est chouette avec ses couettes. A l’école, les garçons lui tirent dessus, elle leur met une claque à chaque fois. Elle a appris à se battre déjà. Elle aime ou pas. As-tu déjà coiffé une fillette aux cheveux longs?
Oui : vas la voir, appel-moi encore avec tes numéros à la Bécassine, tes noms de star déchus qui survolent internet, tes projets, tes mensonges, ta haine envers ma famille, mon sang, ma chair, ce fruit. Cet enfant.
Viens chez moi encore qu’on se fritte la tronche. Vas voir mes amis, mes relations de travail, ton assistante sociale, ta mère.
Ne vas plus chez ma mère, ma soeur et mon beau-frère. 

La varicelle, tu t’en rappelles? C’est douloureux, ça démange. Ça agace. 
Pour un accouchement : tu pousses, tu te convulses, ça ne sort pas, tu pleures, t’as chaud, t’as peur de pas y arriver. D’un coup, tu tombes dans les vaps, tu tiens le coup parce qu’il faut bien que ça vive tout ça.
Comment donner un biberon à un nourrisson? Se lever, dormir un peu, se réveiller, la câliner, la soigner, lui parler, regarder ses grands yeux qui ne te voient pas encore. Elle entend tout, elle sert son poing, elle s'accroche à mon pull. Et ça recommence : elle a faim, soif, faut la soigner. Puis refaire, durant 7mois environ.
Dans quelques mois, je reprendrais mon travail aussi. Faut trouver une nourrice. L'inscrire à la crèche parentale. Acheter encore des couches, du linge, passer des radios, le kiné, le pédiatre, ne pas oublier son doudou, tout désinfecter.
On a besoin de paix, de dormir.
Qu'as-tu fait?
Alors, au lieu de m’appeler en anonyme à n’importe quelle heure, de me rabaisser, de m'insulter, de critiquer, de venir me voir pour la voir, de passer par quelqu’un toujours, parce que tu n’as pas confiance en toi.
Au fait, tu veux me parler de quoi à 24H, à 3HOO du matin? Tu me demandes de te rappeler mais je n'ai aucun numéro qui s'affiche. Tu habites où?  Me suivre sans cesse, abîmer mon temps, mon énergie et notre vie,  tu t’ennuis ?
Non. Tu n’as pas réfléchies. Tu as raté un truc. Le plus beau : voir son premier signe de la main qui fait "coucou", entendre son cri à la naissance, la voir marcher, rire, manger avec sa cuillère, faire du vélo, dessiner, la voir vivre.
Ton nom. Quel est ton nom? Comment t'appelles-tu? Pas à elle, à moi : dis-le à moi pour que je lui dise un jour. Je n'ai jamais fait cette enfant seule, sinon : je ne te l'aurais pas dit. Je ne l'ai pas fait non plus pour l'argent car non seulement tu n'es pas solvable mais en plus je ne connaissais pas ton nom.
L'éducation. La participation à la sécurité morale de TA fille.
La responsabilité civique, personnelle, familiale.
Il n'y aura jamais de pacification, car il n'y a jamais eu de partage : que du stress, du mensonge, de l'abnégation, de l'orgueil, de la méchanceté verbale et morale, de l'ennui, du désintéressement, de l'acharnement sans but concret.
Tu veux voir ta fille? Tu la verras : ne t'inquiètes pas, d'ailleurs : tu l'as vu déjà non, je ne t'ai pas empêcher?
A l'école, dans l'école, sur le parking, dans le jardin, dans ma voiture, en ville, devant l'école, devant chez nous. Rien ne t'as arrêté : sinon quoi? Peur de dévoiler ton identité?
Un nom, c'est important dans la vie d'une personne, c'est sa racine, même si l'arbre est malade.
Partout.
Tout. Depuis le début.
Et ça, depuis le début, elle le vit.
Elle.
TA fille.
Regarde.
Presque sept ans déjà.



J'ai dû lui dire quelque mot sur toi. Que tu étais parti en voyage, que tu allais peut-être venir un jour. Qu'il ne fallait pas lui en vouloir, qu'il travaille beaucoup, qu'il est ici :  j'y ai inscrit une croix sur la carte géographique ;  il y fait chaud, dans ce pays il n'y a pas de facteur, de voiture, d'avion ou de train, pas de téléphone.
C'est tout.
Elle comprend tout à son âge.
Elle s'invente des histoires avec ses poupées de "papa" qui ne revient pas. D'avion qui part dans le ciel pour avoir un cadeau de son papa.
Elle dit en posant sa main sur mon avant-bras :  "papa il va te pardonner tu sais : ne t'inquiètes pas". D'ailleurs : qu'est-ce que j'ai fait, t'ai fait? Ou pas fait? je ne comprends pas ce que tu cherches encore à nous faire de plus?
Tu voulais que je t'ouvres encore une fois la porte, pour y poser ta valise? Pour remplacer ta mère? Ou est-ce que c'est pour voir comment je vies? Oui : la curiosité.
Elle a bon fond cette petite.
Noël dernier, elle voulait avoir un train pour partir avec "papa et maman", sa mamie, tonton, tata et ses cousins et son chien (Moustique, elle l'adore). Elle avait préparé un sac avec des nounours, des boîtes et des affaires qu'elle aime bien.
Sais-tu que les problèmes de toute une vie proviennent du ventre de la mère? De l'enfance?

Qu'as-tu à faire?
Celle que tu aimes, que tu chéris avec tant d’attention, de confort, d’éducation, d’hygiène, de savoir-vivre, de bon exemple par comportement depuis mon ventre.
Je ne t’en veux pas, par contre elle… enfin : c’est une autre histoire. Elle décidera en temps voulu.
On est pas des animaux. On ne traite pas un enfant comme un animal. Un enfant n'appartient à personne. Il appartient à la vie.
Nous, on est grand, on l'aide à grandir. On  lui apprend, on lui montre, on lui parle bien, on le gâte, on lui sourit, on lui fait entendre des belles choses. Car après, quant on est adulte, on a plus assez de douceur aussi simple que ça.

Que n'as tu pas fait?
Ce sera une femme dans quelques temps, moi : je serais vieille, toujours honnête avec moi-même et donc les autres.
Quant les mots ne suffisent pas, il reste l'isolement, le silence.
Regarde ce que tu aurais dû faire, ce que tu as fait et ce qui reste à faire ; ne regarde pas en arrière.
Pars. Deviens un homme, un vrai. Poser un nom sur un bout de papier ne donnes droit à rien. C'est moi qui payent tout depuis que je t'ai dit que j'étais enceinte.
Oui : pars.
Et ne te retournes pas.
Ne reviens pas.
Même pas en virtuel.
Viens que pour elle si tu veux vraiment la voir, car en définitive tu es toujours aussi con et ce que j'aime en toi c'est ta constance.



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