A nos 17 amours fantômes.

J'arrête pas de sentir tes bras. Ça serre, ça palpe, ça fait moite un peu, parfois c'est doux ; souvent. J'aime tes paluches.
J'ai la tête vide. Suis comme une clocharde. J'aime tes cheveux qui ondulent, pas ta barbe non, pas la moustache : ça pique, ça gratte, j'ai toujours des boutons avec. j'ai éteint la lumière, suis planquée sous les draps, j'ai pas chaud _ un peu froid sans pyjama.
On dit rien. Tu penses à quoi? A moi? A nous? Des fois je me dis que j'ai raté tout. Et puis je te sens là. T'es là?  J'arrête pas de sentir tes bras. Ça serre, ça palpe, ça fait moite un peu, parfois c'est doux ; souvent. J'aime tes paluches.
Je pense au jour où tu viendras, en haut de l'escalier : Tu lui remettra ton paquet. tu reprendra ta mallette et tu repartira. Ma fille te dira : elle est pas là maman.

J'ai retrouvé ton bouquin, celui en édition limitée en haut de l'escalier.


La voisine me dira ton allure le soir : un beau garçon, brun, avec une belle voiture rouge. Il n'est pas resté longtemps. Il a dit qu'il appellerait la prochaine fois.


Je sais plus ton prénom : Gérard? Serge? Frank? J'ai oublié.





Suis comme une clocharde avec le souvenir grandiose d'un amour à sens unique. Les fantômes me guettent ; j'essaie de ne pas tomber dans le caniveau du jeu du chat et de la souris.
je viens d'en haut et il m'est impossible de faire le sens inverse.
Faut s'en foutre des prénoms un peu ; faut juste s'en balancer comme un fil d'araignée qui a trop vécu dans le vent et la pluie.
Faut oublier les gens qui font de leurs vies des photos presse papiers, des ringards de champs Elysès. Faut pas oublié le temps perdu, ça compte ça.
Faudrait juste retrouver le temps pour remettre les pendules à l'heure de 20 ans.

Fais le.



Le type, en face de moi là, j'avais envie de lui dire "je t'aime".
J'aime pas les flics
7 ans de bergerie, à surveiller mon seul mouton, c'est récurant  :
lui, en 10 heures, i
l écrit derrière son écran un papier important, il met un point sur une virgule de 7 ans ;

la virgule ira plus haut pour y 
mettre un point.


Avec mes lunettes de super woman, les rayons suivent ses lignes :
suis fatiguée, je voudrais lui dire plein de choses à rajouter...
pas envie, j'ai la tête en tracteur,comme un hélicoptère, un bazooka à réaction propulsion de fusion pétrolière, tellement j'en ai marre, crevée, vidée, usée.
Le matin, quant je suis entrée aux commissariat, hors de moi, je l'ai croisé. Il avait la bouche ouverte, les yeux fixes. Je criais pour ne pas mettre mon fulguropoing dans la tronche du con, mon pied pointure 39 dans les couilles du super con, une gifle, faire une baston. Mais faut pas taper sur un imbécile, ni parler à un con, parce que il est et le restera.
C'est lui, il m'a reconnu. Avec son pull marine.
Suis pas physionomiste du tout, ça m'a causé de nombreux problèmes jusqu'ici, mais là : avantages. Il a un costume bleu marine, un badge, la force, l'ordre. J'ai rien, suis démunie de solution, de frustrations, de décision. C'est ma moitié d'une heure environ ; j'en profite pas.
Respect le type. Il a tout compris de ma situation. Il fait son boulot. Enfin quelqu'un qui capte la bergère, il a saisit mon environnement, il a atteint ma grâce.
Il est super calme, je suis hyper lasse. Tant d'énergie! Je me sens coupable du coup ; il a autre chose à faire : des voleurs de voiture, des braqueurs de maison, une alarme qui sonne, une identification de photo à faire, son téléphone sonne sans arrêt. Il en a un dans sa poche, avec une musique moderne.

Il me dit qu'il est enrhumé, qu'il ne peut me serrer la main ; j'aurais voulu l'embrasser et 6 heures après, j'y pense. Je ne sais même pas son nom, son prénom.
J'ai appelé le 17, il a ouvert la porte.




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